HOMMAGE
Cheikh Anta DIOP, un savant faisant la fierté du Sénégal, de
l’Afrique et du monde entier, est né le 29 décembre 1923, à Caytou, dans
la région de Diourbel, près de Bambey, dans le Baol, au Sénégal. Son père, Massamba DIOP est décédé peu de temps après sa naissance. Sa mère, Magatte DIOP, vivra jusqu’en 1984.
Après l’école coranique entre 1927 et 1937, Cheikh Anta fréquente
l’école française, et poursuit ses études secondaires 1938 à 1945 entre
Dakar et Saint-Louis. Il séjournera en France entre 1946 et 1960, où il
y rencontre Louise-Marie MAES qui lui donnera 4 enfants. En 1946, il
s’inscrit en mathématiques supérieures en vue de devenir ingénieur en
aéronautique ; il aura, à la Sorbonne, en philosophie Gaston BACHELARD
comme professeur. Il entame des études linguistiques sur le Ouolof et le
Sérère et rencontre Jean-Paul LHOTE, Félix HOUPHOUET-BOIGNY, dirigeant
du RDA, Frédéric JOLIOT-CURIE, Cheikh FALL et Amadou Maktar M’BOW. En
1949, il s’inscrira en thèse de Lettres sur «l’avenir culturel de la pensée africaine».
Il entame en 1951, une thèse secondaire en Lettres sous la direction de
Marcel GRIAULE. En 1954, devant le refus des autorités universitaires
de former un jury sur sa thèse «Nations Nègres et culture», il s’inscrira en 1956 à une thèse d’Etat sur les «domaines du matriarcat et patriarcat dans l’Antiquité». Il soutiendra le 9 juin 1960, sa thèse d’Etat en Lettres «L’Afrique noire précoloniale et l’unité culturelle de l’Afrique noire». Le
1er octobre 1960, Cheikh Anta est nommé assistant à l’Université de
Dakar pour travailler à l’Institut Français d’Afrique Noire (IFAN). Il
ne lui est confié aucun enseignement en sciences humaines. Cheikh Anta
meurt le 7 février 1986, à son domicile à Fann, Dakar.
32 ans après sa mort on se viens encore de notre imminent professeur et référence . Nous espérons que son œuvre continuera à inspirer les jeunes générations africaines .
CHEIKH ANTA DIOP
La renaissance africaine. Cheikh Anta Diop avait 25 ans lorsque,
étudiant à Paris, en 1948, il définissait le contenu et les conditions
de la renaissance africaine dans un article intitulé “Quand pourra –t-on
parler d’une renaissance africaine ?”.
Dans cette perspective, l'acheminement vers un État fédéral devient une
urgence continentale car un tel ensemble géo-politique serait à même de
sécuriser, de structurer et d'optimiser le développement du continent
africain : “Il faut faire basculer définitivement l’Afrique Noire sur la
pente de son destin fédéral [...] seul un État fédéral continental ou bus-continental offre un espace politique et économique, en sécurité,
suffisamment stabilisé pour qu’une formule rationnelle de développement
économique de nos pays aux potentialités diverses puisse être mise en
œuvre.” ((C. A. Diop, préface du livre de Mahtar Diouf, Intégration
économique, perspectives africaines, 1984).
Cheikh Anta Diop termine son ouvrage Les fondements économiques et
culturels d'un État fédéral d'Afrique noire par quatorze propositions
d'actions concrètes allant du domaine de l'éducation à celui de
l'industrialisation. Entre autres, il relève une double nécessité vitale
:
- celle de la définition d’une politique de recherche scientifique
efficiente : “L’Afrique doit opter pour une politique de développement
scientifique et intellectuel et y mettre le prix ; sa vulnérabilité
excessive des cinq derniers siècles est la conséquence d’une déficience
technique. Le développement intellectuel est le moyen le plus sûr de
faire cesser le chantage, les brimades, les humiliations. L’Afrique peut
redevenir un centre d’initiatives et de décisions scientifiques, au
lieu de croire qu’elle est condamnée à rester l’appendice, le champ
d’expansion économique des pays développés ”.
- celle de la définition d’une doctrine énergétique africaine et
d’industrialisation véritable : “Il s’agit de proposer un schéma de
développement énergétique continental qui tienne compte à la fois des
sources d’énergie renouvelables et non renouvelables, de l’écologie et
des progrès techniques des prochaines décennies … L’Afrique Noire devra
trouver une formule de pluralisme énergétique associant harmonieusement
les sources d’énergies suivantes : 1. Énergie hydroélectrique
(barrages), 2. Énergie solaire, 3. Énergie géothermique, 4. Énergie
nucléaire, 5. Les hydrocarbures (pétrole), 6. Énergie thermonucléaire”
auxquelles il ajoute le vecteur énergétique hydrogène.